lundi 12 juin 2017

ACTUALITE DE RAPHEL POLI !





Je vais participer, suite à la première sélection, à la soirée d'ouverture de pulsar, à Paris.

(Illustration: Monocycle Floral, 2005)
Voici ce que je leur ai écrit:

Depuis une vingtaine d’années j’accompagne l’apparition du numérique. A l’age d’entrer dans ce qu’on appelait alors « la vie active » j’avais la vision de la robotisation, et un profond refus de faire un travail remplaçable par une machine. Je me suis donc orienté vers l’art, pressentant que c’était là que l’esprit venait à nous, et nous permettait de jouer notre rôle de transmetteur. L’art pour moi, c’était ne pas être subordonné à la nécessité. Ca ne voulait pas encore dire quel art ? Quel outil ?

Cependant avec un père ingénieur et une mère surdouée, j’avais appris le basic à 6 ans, et développé une grande plasticité face à l’outil informatique. Je ne l’envisageais pas tout de suite cependant sous l’angle du développement d’outils. Au début j’ai été fasciné par la possibilité d’obtenir gratuitement l’ensemble des logiciels existants sur le marché, je les ai donc tous appris au moins partiellement. J’avais une vision de ce nouveau médium comme étant un médium ultime, rassemblant tous les autres. Je fantasmais un spectacle total, et je le réalisais plusieurs fois à travers des intégrations du corps dans des univers viruels.

En 2014, après deux sélections dans des festivals, j’en suis venu à m’émanciper des logiciels complets, pour me rapprocher du code même. Aujourd’hui je ressens le langage Python comme un accès indifférencié à toutes les formes de production, industrielle, artistique, pratique etc.
Je pressens également que le code permet d’ouvrir l’esprit humain en le surprenant simplement en appliquant ses méthodes d’une façon moins déterminée. La fonction randomize par exemple semble bien loin du hasard inspiré d’une tache de peinture jetée de main d’homme, mais elle est aussi moins déterminée, plus ouverte à l’absurde.

En découvrant le FabLab de capsciences à Bordeaux, j’ai pu mesurer quel éventail de compétences j’avais développé durant toutes ces années. A la rencontre d’autres je me suis senti me révéler à la réalité. Voir ma première sculpture et la tenir dans mes mains a été aussi une grande étape. Je sens que l’époque est en train de fournir un nouvel accès à la matière. Les structures sociales telles que pulsar, qui se crée sur ce terrain de recherche sont pour moi l’ouverture d’un nouveau style de vie, où l’élan créatif amène rapidement à la rencontre et à la co-création.

Je me suis toujours agencé dans mon lieu de vie un laboratoire, et j’y ai découvert de grands secret, à présent je sens que ces découvertes trouvent un réceptacle au sein de la communauté. La matérialiation des objets 3D est une image de la matérialisation de la société du medium neutre, de la mise en réseau, de l’égalité devant la source de la créativité. Nous avons tous une responsabilité face à l’ouverture des possibles, c’est la responsabilité d’accueillir l’improbable, de s’ouvrir en même temps que s’ouvrent les autres.

L’improbable se produit tous les jours, et j’ai le sentiment que ça n’est que le début. Je veux à présent sortir de mon laboratoire et faire partie de la bonne nouvelle : Nous allons lancer l’apparition d’un nouveau cadre de vie où les pensées et leur liberté prendront une valeur inestimable, de par le peu de distance entre elles et la matière. Notre liberté, augmentée par le code, viendra révéler bientôt l’essence de la vie qui se cache dans l’erreur. Le destin d’un humain créatif est là, dans sa distance par rapport à sa limite, dans sa pleine acceptation de ne pas être la perfection de la machine, mais plutôt le point embryonnaire de son esprit incongru et tendre. Nos erreurs nous renseignent sur ce qu’il reste de travail, mais seront aussi le limon de la fascination pour ce que les machines en feront.

Raphael Poli